
Virieu

Vallée de
la Bourbre
La Vallée de
la Bourbre est composée (en partant de l’amont de la
rivière la Bourbre qui prend sa source dans la commune
de Burcin) des communes suivantes :
Burcin,
Châbons,
Blandin,
Panissage,
Virieu,
Chélieu,
Chassignieu,
Le Passage,
Saint-Ondras

GÉOLOGIE

(Par Michel
Demargne)
Pour bien
comprendre la morphologie de la vallée de la Bourbre
entre Châbons et St André le Gaz, il faut s’aider de la
géologie et remonter à la seconde moitié de l’ère
tertiaire[1]. A la fin du Miocène (5 à 10 Millions
d’années), une première sédimentation alluviale
importante avait déjà envahi nos régions pour former un
piedmont. Dès lors, le climat qui était chaud et humide,
se refroidit et s’assèche. Des épisodes d’invasions
glaciaires vont se succéder sur les Alpes. La fonte des
glaces intervenant dans les périodes intermédiaires
entraîne une activité d’épandage de grandes quantités de
galets très émoussés sur la totalité de ce qui sera,
plus tard, le Bas Dauphiné. A la fin de l’ère tertiaire
(Villafranchien), cette activité aura abouti à une
surface aplanie inclinée des Alpes vers le Massif
Central. La mer, qui avait envahi toutes les régions au
pied des Alpes, est expulsée et ne reviendra plus dans
le Bas Dauphiné. Par la suite, au début du quaternaire,
des déformations liées à la poussée permanente des
Alpes, donnent naissance à des tracés fluviaux. Les
premières grandes glaciations (Günz, Mindel et Riss [2])
recouvrent tout le Bas Dauphiné et atteignent en
plusieurs points la bordure orientale du Massif Central.
Elles apportent de grandes quantités d’eau qui
accentuent les tracés primitifs par leur érosion
intensive. Les glaciers qui arriveront par la suite
utiliseront la voie déjà tracée et en poursuivront le
creusement.

Cette
surface originelle est encore visible aujourd’hui, ce
sont les plateaux de Chambaran et de Bonneveaux. Les
sommets de nos collines sont également à classer comme
des restes de la surface originelle érodée par les
grands courants glaciaires et fluvio-glaciaires.

Lors de la
dernière glaciation, dite de Würm, la glace qui avait
tout recouvert pendant la période de Mindel se tient
maintenant en dessous de 600 mètres. Le morcellement de
la surface du piedmont des Alpes, canalise les glaces
dans le fond des vallées déjà tracées, et il n’y a guère
que dans nos régions que la glace peut dépasser la
surface miocène (700 m). A leur extension maximale, les
glaces de cette période venant du glacier du Rhône,
remontant la vallée de la Bourbre y creusent une auge
glaciaire typique. Elles se trouvent arrêtées par un
seuil au niveau de Châbons. La Bourbre qui s’écoulait
autrefois en direction du sud voit son cours s’inverser
à cause de l’érosion glaciaire. Une autre langue dépasse
un peu Charavines pour s’engager dans ce qui est
aujourd’hui le lit de la Fure. Etant gênée par le seuil
de Charavines, la glace surcreuse en amont en formant un
ombilic. La dépression qui en résulte est occupée
aujourd’hui par le lac de Paladru (fig. 1). Le phénomène
est le même que celui qui a prévalu à l’établissement de
l’étang du Grand Lemps :
1) La
rencontre avec un seuil engendre un surcreusement en
amont dû à la poussée de la glace.
2) Lorsque
la glace commence à se retirer, l’altitude de la trouée
reliant le bas Guiers à la dépression de
Paladru-Charavines, d’une part, et du seuil de Châbons
d’autre part, est suffisamment élevée pour que ces deux
zones (lac de Paladru et étang du Gand Lemps) soient
libérées précocement de l’action des glaces. Les culots
de glace abandonnés lors du retrait fondent sur place
dans leur ombilic, et les grands courants de fusion qui,
ailleurs vont colmater les autres ombilics de leurs
alluvions, ne toucheront pas le lac de Paladru ni celui
du Grand Lemps qui, ainsi resteront à l’état de plans
d’eau.

Mais d’où
provenait la glace ?
Le Bas
Dauphiné étant de faible altitude, il ne pouvait pas
s’alimenter lui-même en glaces. Celles-ci sont venues de
montagnes plus ou moins éloignées. Il est probable
qu’aux périodes les plus reculées (Günz, Mindel), les
glaciers de l’Isère et du Rhône se sont rejoints dans le
Bas Dauphiné[3]. Mais ce n’est plus vrai aux périodes
plus récentes (Würm) où seuls les prolongements du
glacier du Rhône parviennent jusqu’à nous. De très
nombreux galets ont ainsi été identifiés comme
appartenant au massif du Mont Blanc et à la région du
Valais.

Même si le
principal agent de la configuration du Bas Dauphiné, les
glaciers, est connu, la morphologie de nos régions
demeure très complexe. L’action des glaces se combinant
à celle des eaux de fonte, souvent en quantité énorme,
il en résulte des paysages mixtes où la trace du passage
des glaces a souvent été estompée par les terrasses de
retraits (St Ondras, Le Passage). Les fonds de vallées
sont aujourd’hui garnis de cônes de déjection formés des
matériaux arrachés soit aux moraines, soit aux sédiments
(poudingues) tertiaires. Ces cônes sont de première
importance dans une vallée comme celle de la Bourbre.
Ils forment l’essentiel du paysage du fond de la vallée
(fig. 2). On en voit de beaux exemples à l’aplomb de
Malin, de Virieu (rive droite), de Panissage (rive
gauche), ou encore de Chélieu. Enfin les seuils, comme
celui de Châbons, comportent de nombreuses moraines
parallèles formant des rides plus ou moins visibles.

Historique
L’hypothèse
de l’influence des glaciers pour expliquer la
morphologie de nos régions ne s’est pas imposée
facilement. Il fallut attendre le milieu du XIXème
siècle (1860-1863), après des années de discussions
passionnées pour voir triompher la théorie glaciaire.
Auparavant, on accordait le plus grand crédit à une
origine diluvienne de ces accumulations de galets, de
sables et de blocs erratiques.
Michel
Demargne


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